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Appel à communication - journée des doctorants Campus Condorcet "L'interculturel en éducation, approches comparatives entre l'Amérique latine, la France et son aire d'influence"

Publié le 12 décembre 2018 Mis à jour le 13 décembre 2018

Appel à communication dans le cadre des journées de doctorants du Campus Condorcet " L’interculturel en éducation. Approches comparatives entre la France, son aire d’influence et l’Amérique latine " . Cette journée qui aura lieu en avril 2019 est organisée en collaboration entre l'EHESS-CESPRA/CNRS, l'Université de la Rochelle-CRHIA et le CRIIA-Études Romanes (EA 369) de l'Université Paris Nanterre avec le soutien du Campus Condorcet

Date(s)

le 6 janvier 2019

Date limite de candidature à l'appel

Descriptif :


Le Campus Condorcet organise une journée des doctorants intitulée " L’interculturel en éducation. Approches comparatives entre la France, son aire d’influence et l’Amérique latine " qui aura lieu en avril 2019. A cette occasion, un appel à communication a été lancé, ayant pour date limite le 6 janvier 2019.

 

Texte de cadrage :



Si la cohabitation de cultures diverses sur un même territoire n’est pas une réalité nouvelle, le modèle de l’État-nation a imposé une vision unitaire de l’« identité nationale ». Dès le XIXe siècle, l’instrument privilégié pour « instituer » cette nation unifiée a été l’éducation scolaire. En France, le « hussard noir » de la IIIe République promeut l’adhésion aux valeurs de la nation, sentiment censé conditionner la jouissance des droits politiques du citoyen – en vertu d’une vision contractualiste de la société qui s’applique au seul territoire métropolitain, car les habitants de l’empire colonial restent exclus de l’accès à la pleine citoyenneté française. Dans les pays d’Amérique latine qui conquièrent leur indépendance au cours du XIXe siècle, l’école se voit assigner un rôle similaire, les élites créoles s’inspirant souvent directement du modèle français.
En France comme en Amérique latine, l’accès à la citoyenneté repose donc sur l’assimilation à une culture nationale unitaire. La dévalorisation des langues et cultures locales, et l’invisibilisation des rapports de domination à l’oeuvre dans cet universalisme supposé, sont sources de conflits. En Amérique latine, les mouvements indiens, soutenus par des partis politiques de gauche, l’église et la coopération internationale, prennent leur essor dans la seconde moitié du XXe siècle. Sur les territoires français, la contestation de l’homogénéisation culturelle s’exprime dans les mouvements anticoloniaux de libération nationale, mais aussi en métropole, par la persistance de formes de régionalisme culturel, puis sous les effets de la migration massive après l’indépendance des anciennes colonies. Dans le domaine éducatif, la recherche d’alternatives vient souvent des acteurs locaux, soutenus par des partenaires extérieurs à l’État ; c’est particulièrement le cas en Amérique latine, où la faiblesse des institutions tend à être comblée par les liens sociaux (Martuccelli, 2010). 

Or, dans les dernières décennies, les États ont commencé à reprendre à leur compte la notion d’« éducation interculturelle », selon laquelle l’école devrait assumer la diversité culturelle des populations. En effet, d’après O. Meunier (2007), il existe trois approches de « l’interculturel en éducation » : l’éducation multiculturelle, l’éducation à la diversité et l’éducation interculturelle. Toutes trois sont fondées sur la reconnaissance de la diversité, mais leurs méthodes diffèrent : la première cherche à surpasser le racisme en développant les compétences individuelles, la deuxième vise à résoudre le dilemme entre la reconnaissance des différences identitaires et le principe de l’égalité citoyenne, tandis que la troisième propose « l’apprentissage de l’égalité » en contextes interactifs et intersubjectifs, par le biais de la « transmission d’un savoir pluriel et critique », dans le but de « différencier sans discriminer, de reconnaître la diversité culturelle sans jugement inégalitaire, de l’appréhender sur le mode de la réciprocité des perspectives, de lutter contre l’ethnocentrisme, de structurer [la] personnalité [des individus] en termes pluralistes » (O. Meunier, 2007, pp. 11-12). Selon les travaux sur l’éducation dans les Andes de P. Ames (2000), C. Walsh (2009), au Mexique de E. Rockwell & E. González (2012) et en France de M. Abdallah-Pretceille (1995), les expériences scolaires correspondant à cette dernière catégorie semblent bien plus développées en Amérique latine, depuis les années 1970, qu’en France et dans son aire d’influence.

Nous engageons les participants à réfléchir sur la portée de la notion d’« éducation interculturelle », employée dans des contextes si différents que ceux de l’Amérique latine, de la France et de ses anciennes colonies. À quel degré a-t-elle été adoptée par les États, et dans quels buts ? Comment l’expérience de l’interculturalité éducative se développe-t-elle au prisme de la socio-histoire particulière de chaque territoire ? Et finalement, quels sont les principaux effets sociaux de la mise en place ou de l’absence d’une politique d’éducation interculturelle chez les différents acteurs de l’éducation ?

Les différentes communications exposeront surtout des cas particuliers, à partir desquels nous chercherons ensemble à concevoir des critères de comparaison, afin d’établir dans quelle mesure l’interculturel en éducation renvoie ou non à des significations communes d’un pays et d’une aire géographique à l’autre. Grâce à une transdisciplinarité essentielle pour aborder tant l’interculturalité que l’éducation, nous espérons que cette journée de doctorants permettra d’apporter un éclairage nouveau tant sur les singularités que sur les dynamiques communes des territoires étudiés, qui partagent une histoire longue de domination d’une culture sur les autres. L’interculturel en éducation constituera ainsi le marqueur comparatif des formes de l’expérience démocratique entre la France, son ancien empire colonial et l’Amérique latine.

Les présentations retenues pourront faire l’objet d’une publication, au sein d’une revue française de jeunes chercheur.e.s en sciences humaines et sociales.

 

Coordination de la journée :

  • Salomé Cárdenas Muñoz (EHESS-CESPRA/CNRS)
  • Sarah Dichy-Malherme (Université de la Rochelle-CRHIA et Université Paris Nanterre-CRIIA/EA 369 Etudes Romanes)
     
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Mis à jour le 13 décembre 2018