Colloque International "Le transnationalisme dans les Amériques et les nouvelles générations" – Projet ILA 2

Publié le 8 avril 2023 Mis à jour le 27 mai 2023
affiche du colloque
affiche du colloque

Les membres du projet ILA 2 "Ici, là-bas, ailleurs : le transnationalisme par ses acteurs – Subjectivités et stratégies d’adaptation dans les Amériques (16 e -21 e siècles)" organisent le colloque international "Le transnationalisme dans les Amériques et les nouvelles générations"

Date(s)

du 8 juin 2023 au 9 juin 2023

Lieu(x)
Université Bretagne Sud, Lorient, France

 

Colloque International
Le transnationalisme dans les Amériques et les nouvelles générations


 
8 et 9 juin 2023,
Université Bretagne Sud, Lorient, France
 
 
Le projet ILA est un projet soutenu par l’IDA dans le cadre des réseaux thématiques du Pôle Nord-Est. Il vise à expertiser l’impact du transnationalisme dans l’aire des Amériques selon une approche originale, celle de l’expérience subjective des acteurs et des agents du transnationalisme. Il s’agit de porter la focale sur le regard que les colons ou migrants portent sur eux-mêmes et sur leur expérience, afin de comprendre comment ces hommes et ces femmes ont vécu ces mouvements trans-impériaux, trans-coloniaux et trans-nationaux. Nous avons, jusqu’à présent, étudié des groupes de trans-migrants, mais il convient aussi de se pencher sur leurs enfants et même leurs petits-enfants, ceux qui sont désignés comme la « deuxième » génération et la « troisième » génération, ici, les « jeunes générations », car eux aussi peuvent voir dans « le pays » une forme d’ancrage, des repères, des référents normatifs dont se nourrit leur identité.

Il ne faudrait pas croire que, dans ce que nous venons d’exposer, nous considérions comme une évidence l’idée d’une « jeune » génération, d’une « seconde » génération, d’une « troisième » génération. Nous nous plaçons dans la perspective des travaux d’Abdelmalek Sayad (« Les Trois âges de l’émigration algérienne en France », 1977 ; « Les enfants illégitimes », 1979) qui s’inscrivent dans des recherches portant sur le cas de la France, à un moment, les années 1970 et 1980, où il est fait le constat du passage à une immigration dite de peuplement s’agissant des familles magrébines. L’expression “seconde génération” permet alors de distinguer des formes de rupture avec la génération des parents, celle de la mobilité. Elle n’est pas seulement un usage de convenance pour nos analyses : elle sous-tend et oriente nos hypothèses de travail. Car cerner et dégager une « seconde » ou une « deuxième » génération par rapport à la précédente, et notamment la « première », celle des trans-migrants, cela suppose que l’intégration deviendrait inévitable – et dans certaines sociétés et pour certains acteurs, elle serait même souhaitable. Mais est-ce le cas dans les Amériques ? Nous faisons l’hypothèse que, d’une génération à l’autre, il émerge une rupture avec l’histoire de la génération précédente qui est vécue comme passée dans les liens au « pays » et dans l’articulation des termes du triptyque au fondement de notre réflexion et qui donne aussi son titre au projet ILA 2 : « Ici », « là-bas », « ailleurs ».

L’hypothèse de ce colloque est que ces liens transnationaux que les nouvelles générations peuvent – ou non – entretenir avec le « là-bas » que représente le pays d’origine sont sensiblement différents de ceux qui ont migré (qu’il s’agisse de leurs parents ou de leurs grands-parents). Le transnationalisme tendrait ainsi à s’estomper au fil des générations, les premières générations de colons ou de migrants restant attachés à leur pays natal, tandis que les générations nées dans les Amériques seraient moins attachées à leurs racines, phénomène qui transformerait l’identité même de leurs communautés.

Nous voudrions ainsi vérifier comment, dans quelle mesure, et pour quelles raisons le(s) identité(s) transnationale(s) portées par les générations issues des mobilités de trans-migrants s’exprimeraient parmi les nouvelles générations : peut-être sur le mode d’une « double absence » ou d’une double présence telles que A. Sayad les a repérées (La Double absence. Des illusions de l’émigré aux souffrances de l’immigré, 1999). Qu’en est-il de la pérennité du concept de « double vie » mis en avant par l’anthropologue spécialiste du transnationalisme Nina Glick-Schiller pour définir le transnationalisme et distinguer les transmigrants des migrants (N Glick-Schiller, L Basch et C Blanc-Szanton, Nations Unbound: Transnational Projects, Postcolonial Predicaments, and Deterritorialized Nation-States, 1994) ? D’ailleurs Nina Glick-Schiller participera au colloque pour nous éclairer sur ce point.
Les travaux de Dino Cinel (The National Integration of Italian Return Migration 1870- 1929, 2002) et Joel Perlmann (Italians Then, Mexicans Now, 2005) se penchent sur les liens qui continuent d’exister entre jeunes générations et le pays d’origine de leurs parents, rappelant que, même si les jeunes générations se sentent plus américaines qu’italiennes ou mexicaines, elles maintiennent des liens avec le pays natal de leurs parents. Quels sont ces liens, affectifs, culturels, identitaires ? Pourquoi et dans quelle mesure ces nouvelles générations continuent- elles d’assumer des discours transnationaux ?

Il conviendra de réfléchir au rôle de la communauté dite « ethnique » où ils vivent pour tenter de comprendre les modalités de leur attachement à un « pays » désormais plus lointain
pour eux. Nous voudrions également cerner l’impact du regard porté sur eux par la société d’accueil, de ces assignations identitaires qui les ramènent, de façon répétée le cas échéant, à l’héritage de leurs parents, dans le maintien ou au contraire le relâchement voire la dissolution de liens transnationaux.

Inversement, on peut envisager qu’il se produise, parmi les individus des nouvelles générations, des phénomènes de réappropriation d’un héritage culturel qui s’avère une (re)construction leur permettant de se (re)positionner dans la société qui est désormais la leur. Le « pays » qu’ils se représentent et projettent peut alors être sensiblement différent de celui avec lequel ont pu s’identifier les premières générations. Les liens transnationaux, sans être nécessairement relâchés, seraient mobilisés autrement et à d’autres fins. Cette piste peut également être envisagée dans notre réflexion.
 

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Mis à jour le 27 mai 2023